Depuis quelques années, les clubs professionnels et amateurs accordent de plus en plus d’importance à l’aspect mental lors de la préparation des matchs. La préparation mentale d’un joueur de football vient en complément de sa préparation physique. Elle ne permet pas seulement de se préparer à l’approche d’un match important, mais est une composante importante de la carrière d’un joueur de football. Elle permet un conditionnement sur le long terme sur plusieurs aspects, performance, nutrition, motivation etc…
Le GOAL FC a fait appel cette saison à Adrien Cabon, préparateur mental, afin qu’il intervienne auprès du groupe N2 en tant que prestataire. Découvrez son rôle et ses objectifs au sein du club.
– Présente-toi, ton parcours, comment es-tu devenu préparateur physique ?
Je m’appelle Adrien Cabon. J’ai fait partie pendant 5 ans du centre de formation de l’Olympique Lyonnais. Je suis de la génération 95 donc j’ai joué avec Anthony Martial ou encore Corentin Tolisso en u19. De base je suis originaire de Bretagne, j’ai fait le pôle Espoir en Bretagne avant de partir à 15 ans à l’OL.
Malheureusement, j’ai connu des blessures qui ont fait que je n’ai pas pu jouer durant environ deux ans et demi, j’ai donc tenté ma chance à Bourgoin-Jallieu avant de rechuter. Finalement, j’ai eu l’opportunité de partir au Etats-Unis, à l’université de Louisville dans le Kentucky, là-bas j’ai retrouvé mes sensations et je jouais tous les deux ou trois jours.
A 23 ans, je décide de revenir en France, et à ce moment-là, je commence à me questionner sur ce qu’il s’est passé pour moi au niveau mental et notamment sur mon passage à l’OL, et je me rends compte que mes blessures à répétition était surtout lié à l’aspect mental, je comprends aussi le déblocage mental que j’ai eu à mon arrivée aux Etats-Unis. A partir de ce moment-là j’ai eu envie d’en faire mon métier car ça faisait partie de mon histoire et que je voulais aider des jeunes joueurs qui peuvent rencontrer les mêmes blocages mentaux que moi.
J’ai également un master en management de l’innovation et de la propriété intellectuelle. Je suis formé depuis 2020 sur la préparation mentale, et préparateur mental à mon compte depuis septembre 2021. Ça fait donc 1 an que je travaille avec des joueurs professionnels de manière personnelle. Donc mon expérience au GOAL FC est la première fois que je travaille avec un collectif entier.
– Comment es-tu entrée en contact avec GOAL FC ?
J’étais curieux de mettre en place des projets collectifs après de bonnes expériences auprès des joueurs. J’ai rencontré Fabien (Pujo) après un match amical de présaison, le courant est bien passé entre nous, il m’a dit qu’il était très intéressé par tout ce qui concerne la préparation mentale et m’a proposé d’intervenir auprès du groupe. L’objectif est de créer une dynamique collective forte dès le début de la saison.
– Quel est ton rôle auprès du groupe ?
L’objectif c’est de créer une identité collective, se fixer un objectif collectif et de trouver les leviers individuels à chaque joueur pour atteindre cet objectif. On a travaillé sur les valeurs du groupe en demandant aux joueurs ce qu’ils voulaient être et les valeurs qu’ils souhaitaient représenter sur le terrain, et ensuite comment l’incarner dans notre comportement sur le terrain. Maintenant, le gros du travail a été fait, les bases ont été posées avec ces valeurs que tous les joueurs se sont engagés à respecter. Sur le début de saison pour l’instant les joueurs l’appliquent très bien donc c’est très positif. L’intérêt pour un staff c’est de responsabiliser les joueurs par rapport à cet objectif et de ne pas être les seuls à essayer de tirer le groupe vers l’objectif, mais que les joueurs aussi s’en rendent compte lorsqu’ils sortent du chemin commun à l’équipe. Ça permet de s’assurer que d’un point de vue état d’esprit, tout le monde soit dans la bonne direction que ça soit après une victoire ou une défaite.
“A capacité égale, un joueur qui a 5%
d’aptitudes mentales en plus, c’est lui qui
passera devant…”
– Selon toi, à quel point le mental est-il responsable de la performance ?
Arrivé à un certain niveau, je dirais que c’est 80% de préparation mentale et 20% le reste. Quand je dis “arrivé à un moment donné”, c’est qu’il faut avoir des aptitudes physiques techniques et tactiques importantes pour que le mental influe vraiment sur le niveau d’un joueur, ce n’est pas de la magie. La préparation mentale, c’est ce qui fait la différence quand tu accèdes au haut niveau, là où tout le monde à des aptitudes physiques, techniques et tactiques très fortes. A capacité égale, un joueur qui a 5% d’aptitudes mentales en plus, c’est lui qui passera devant.
– Tu vois plus la préparation mentale comme un accompagnement sur le long terme ou comme la recherche d’un déclic ?
Je dirais que ça peut être les deux, mais dans la logique c’est plutôt un accompagnement. Après on travaille au cas par cas donc la manière dont on accompagne les joueurs varie. Idéalement, avoir cet accompagnement sur le long terme va permettre de rencontrer moins de blocages mentaux par la suite. Si auparavant rien n’a été fait au niveau mental chez un joueur, c’est un travail qui est assez long car il peut y avoir de nombreux antécédents qui freinent un joueur et qui n’ont pas été évacués. Dans ces cas-là, il y a un gros travail psychologique à faire pour libérer une personne des différents blocages qu’elle peut avoir. Après, au cours de cet accompagnement, les déclics vont arriver.
– Toi qui travaille exclusivement avec des footballeurs, si tu devais donner un conseil mental qui s’applique à tous les joueurs ?
Ce qui me vient tout de suite, c’est d’être capable d’être plus dans le jeu que dans l’enjeu en compétition. Ça fait référence à la notion de “flow” qui signifie être au maximum de ces capacités mentales. La méthode que j’ai développée s’appelle FCJ. F pour Focus, c’est la capacité à rester totalement ancré dans le temps présent, le bénéfice terrain pour le joueur c’est “je suis totalement imperturbable sur le terrain”. C pour certitude, la capacité à avoir confiance en soi en toute circonstance, là, le bénéfice terrain ce sera une prise de risque et d’initiative plus importante. Et enfin J pour joie, prendre du plaisir en jouant et être totalement libéré sur le terrain. Globalement, c’est un conseil qui s’applique à tous les footballeurs.
Adrien Cabon, préparateur mental
Instagram : @adriencabon_
LinkedIn : Adrien Cabon AAA