L’arbitre : Au service du jeu

Interview de Yann Gazagnes

L’arbitre d’un match de football peut se retrouver au cœur des débats. Derrière ce rôle indispensable à tous les niveaux, il y a une volonté chez les arbitres de faire respecter le jeu et de faire des matchs de football, des moments agréables rimant avec plaisir. Nous avons parlé à Yann Gazagnes, arbitre de football, référent arbitrage de GOAL FC.

• Présente-toi, ton parcours, à quel niveau tu exerces ?

Je m’appelle Yann Gazagnes, j’ai 37 ans. J’arbitre depuis 13 ans maintenant et actuellement j’officie au niveau fédéral 4, ce qui signifie que je suis arbitre central en National 2 et également 4ème arbitre jusqu’en Ligue 2. Je suis également référent arbitrage au club de GOAL FC.

• L’arbitrage est-il une vocation pour toi ? à quel moment as-tu pris le sifflet ?

C’est toujours un peu une vocation. Je jouais au foot depuis que j’avais 5 ans, à 15 ans après avoir été en sport-études au collège, je me suis lancé dans l’arbitrage au sein de mon club. J’ai été arbitre et joueur pendant 2 ans. Ensuite j’ai fait le choix de devenir uniquement arbitre, ce qui m’a permis d’évoluer à un niveau intéressant chez les jeunes pour ensuite passer sur les seniors, puis accéder à la Ligue et progresser petit à petit. Je pense que quand on est jeune, c’est intéressant d’être à la fois arbitre et joueur pour ne pas complètement lâcher le côté “esprit d’équipe” et ne pas se retrouver seul dans l’adversité qu’il peut y avoir sur un terrain lorsque l’on est arbitre. Moi ça a été mon cas et ça a été très bénéfique. Cela permet aussi de mieux comprendre le jeu pour être derrière le meilleur arbitre possible

• Qu’est-ce qui fait selon toi, un bon arbitre ?

Un bon arbitre, c’est quelqu’un qui va comprendre le jeu, ça c’est sûr. Il faut aussi qu’il soit capable de faire accepter ses décisions aux différents acteurs du match de manière naturelle. Un bon arbitre rayonne par sa manière d’être et est au service du jeu. Il n’est pas là pour sa gloire personnelle mais il est là pour que les acteurs puissent jouer sans se soucier de l’arbitrage où de la manière d’appréhender l’adversaire. Quand on ne se soucie pas de ça en tant que joueur, c’est là que les matchs se passent le mieux. Pour moi c’est ça le rôle de l’arbitre, c’est se mettre au service du jeu

• L’arbitre a souvent le rôle ingrat sur le terrain, qu’est-ce que tu dirais aux personnes qui souhaitent se lancer dans l’arbitrage ?

Ingrat c’est sûr mais c’est aussi une belle école de la vie pour les jeunes. Quand on arrive à être apprécié et respecté pour ce qu’on fait c’est un rôle très intéressant puisqu’on a un impact sur les rencontres de foot. Encore une fois, le respect vient de notre manière d’être et de notre attitude donc quand arrive à dégager ce respect-là, on nous le rend et on apprécie notre présence sur les matchs et les clubs peuvent être content de nous voir arriver car ils savent la manière dont on se comporte et quelles sont nos valeurs.

• La relation entre joueurs et arbitre est parfois compliquée sur le terrain avec la pression qu’il peut y avoir sur tout le monde, comment gères-tu ces moments ? 

Le plus important dans ces moments-là, c’est de dégager de la sérénité et du calme de par la posture et de par les décisions. Quand un arbitre n’est pas sûr de lui ou qu’il doit prendre une décision difficile contre une équipe qu’il a déjà un peu sanctionner, c’est important de montrer de la sérénité, ne pas en rajouter car en faire trop en général ne fait qu’envenimer les choses sur le terrain. Il faut faire les choses de manière juste pour qu’elles soient le mieux comprises possible par les joueurs, les entraîneurs et les spectateurs, quand on arrive à avoir cette emprise là sur les choses, c’est beaucoup plus facile de faire passer les décisions.

• Y a-t-il un arbitre qui t’a inspiré ?

Il y’en a eu beaucoup dans ma carrière. Quand j’étais jeune, c’était Pierluigi Collina qui était sur le devant de la scène. Après, au niveau français, Alain Sars, Stéphane Lannoy… Et puis maintenant c’est rigolo puisque ce sont des copains qui sont à haut niveau qui me servent d’exemple comme Benoît Bastien, Bastien Dechepy ou encore Jérémy Pignard. Ce sont des gens qui brillent par leur attitude et la sérénité qu’ils dégagent comme on le disait tout à l’heure, grâce à leur expérience et à leurs compétences, de manière simple sans en rajouter. Ce sont des personnes qui peuvent être des exemples pour les jeunes.

• Un dernier mot ?

On critique souvent l’arbitrage. Moi comme on m’a toujours dit quand j’étais plus jeune : “quand on critique quelque chose, ça vaut le coup d’essayer pour voir si on est capable de faire des bonnes choses”. Moi je dis à tous ceux qui seraient tentés, et qui pensent qu’ils sont capables de le faire qu’il tente l’aventure et découvre l’envers du décor car ce rôle-là est passionnant. Je pense que ça peut être quelque chose de super intéressant à vivre même si on n’y avait pas pensé, que ce soit en reconversion ou simplement pour tenter l’expérience.

Yann Gazagnes, arbitre de football